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XXXIX


Quelle folie ! Je crois que je l’aimais…

J’ai baisé l’autre soir son écharpe que le vent faisait flotter sur moi. Et parce qu’Elle avait mis sur mon front ses mains délicates et parfumées et fraîches comme des roses sur les lèvres d’un malade, parce que ses mains avaient caressé mes cheveux, j’ai pleuré… j’ai pleuré…

Quelle folie !…

La Mer apparaît noyée d’ocre. Une barre coupe l’horizon. Ici la Mer bleue, puis soudain l’eau trouble, l’eau terreuse qui sent la vase. Nous entrons dans le domaine de l’Amazone et de l’Orénoque. Les fleuves géants chargés de boues salissent l’Océan jusqu’aux lointains du large.

Pas une ride sur la nappe sombre de l’eau. La Mer devient une fournaise ; des fumées d’étuve montent et s’étirent.

Des mouettes flottent sur ce marais d’huile en feu.

Le coaltar des joints du parquet sur le pont fond et coule et colle aux semelles.