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XLII


Quelle étrange vie… Des crocodiles dans la boue fétide, des serpents qui glissent sur les lianes, des fleurs aux larges corolles tordues, enroulées sur elles-mêmes, collées à l’écorce des arbres… Des pampres et des chevelures emmêlées de mousses géantes…

Des singes glissent brusquement sur un fil de liane, tombent des hauteurs prodigieuses du toit de la forêt et remontent d’un trait comme des balles élastiques.

Un bourdonnement grave comme une voix humaine… Le bouillonnement de la sève ardente… Les souffles de la vie animale.

On entend battre le cœur de la forêt.

Une vie frémissante est là, étrange et invisible comme la vie du monde intérieur de la mer.

La mer est proche… Son souffle ardent passe sur ce pullulement d’êtres.

La jungle appartient à la mer qui lui impose sa loi. La mer, en découvrant cette terre, n’a rien perdu de ses droits. C’est elle qui la gouverne et la féconde.