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Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/120

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XLIII


Sur le fleuve Maroni… Notre convoi de pirogues suit les méandres du fleuve. L’eau boueuse sent le marais.

La rive basse est un désert de verdure. Les moucous-moucous, chargés d’oiseaux-mouches, font une barrière de roseaux à la brousse. Des lianes pendent, chargées d’orchidées. Quelques « pois sucrés » en fleurs font des taches blanches sur le rideau impénétrable qui cache la forêt voisine. Des aras écarlates traversent en hurlant la rivière.

Les nègres saramacas, trapus et silencieux, pagayent à grand effort contre le courant. La caravane flottante glisse lentement.

Au détour lointain, à l’horizon de l’allée ardente que trace le fleuve, le village hollandais d’Albina se tasse tout blanc, blotti dans une étroite clairière.

Et là, au tournant, Saint-Laurent-du-Maroni, le bagne, avec ses appontements, ses cages grillagées, ses magasins et de grands cocotiers penchés sur le fleuve.