Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


LI


La voix de la Mer… Des souffles chauds venus du large couvrent le pullulement bruyant de la forêt.

Avec la marée monte l’âme puissante de la Mer. La jungle attentive se tait.

Des hérons rouges, tristes et graves se tiennent huchés sur une patte au bord de l’eau. Le marais chargé de magnolias s’étend, plaine immense, vers les gradins où s’étagent les cocotiers chevelus et les bambous géants.

La brousse ondule et crisse comme les vagues vertes de l’Atlantique.

Lily, couchée sur la berge, a cueilli pour boire une feuille de lotus :

— La feuille du lotus est chargée d’oubli… L’eau qu’on boit avec elle emporte le passé.

Le vent est humide et salé. Il porte vers les hauteurs de la forêt les voix de la mer qui sont la loi et l’âme même de la jungle.

Ainsi, la Mer, qui porte la mousson et l’eau bienfaisante, régit les saisons, crée la vie et la mort.