Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/193

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Invisibles sous les manguiers, les Saramacas chantent. Les voix dures s’attardent sur un récitatif monotone, puis se font gémissantes, puis s’élancent vibrantes et anxieuses comme des cris de détresse.

Le vieux chef absorbé par le chant, reste comme engourdi, se balance et répète à mi-voix les paroles qui expriment des idées et des sensations que je ne peux comprendre.

.  .  .  .  .  .  .  .  .

L’heure chargée de pluie s’écoule lentement. Une sourde irritation nous tient les yeux baissés…

— L’Indienne est revenue. Elle a parlé de la femme blanche. Tu vois bien qu’elle savait où étaient les Indiens puisqu’elle s’est enfuie auprès d’eux. Elle a quitté la case où elle devait attendre ton retour. Elle s’est enfuie auprès des hommes de sa tribu… Mais maintenant, elle est revenue. Elle est là avec un récit chargé de meurtre et de sang…

La pluie tiède nous fouette le visage. La tristesse poignante du soir, l’angoisse des choses nous enveloppe et nous serre le cœur…

Les Saramacas ivres de tafia ont arrêté leur chant.

— Un forçat évadé était avec la femme blanche. Comme les gardes-chiourmes arri-