Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/26

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— Comme tu es pâle ! a dit la Mer, pourquoi restes-tu couchée ?… Va sur le pont…

Elle a passé sa main par le hublot et la Mer est montée jusqu’à Elle pour mettre un peu d’écume sur ses doigts. Elle a ri, puis Elle a baisé ses doigts mouillés et salés :

— Tu ne me reconnais pas ? a-t-Elle dit. Je jouais avec toi, quand j’étais petite, à Cannes : tu m’as un jour couchée sur le sable d’un grand coup de vague…

La Mer s’est mise à rire de sa méprise. Car la Mer de Nice et de Cannes, ce n’est pas la Mer.

Elle a eu honte de son ignorance. Et Elle a fermé le hublot de dépit. La Mer m’a dit qu’Elle est jolie…

Mais toi, que fais-tu là ? Pourquoi n’es-tu pas agité ?… Mon vieux cœur est ému, je tremble et je suis heureux parce qu’Elle est là… Et toi, tu as l’air d’un marsouin stupide…