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VIII


L’escale ! Que de cris ! Le vieux Bateau entre en rade, escorté par les clameurs des barques remplies d’enfants nus, de mendiants et de passeurs. Puis, la ville pleine des bruits que nous avions déjà oubliés… Et la bousculade sur les quais avec ces affreux voyous qui s’accrochent à vous et qui vous veulent conduire de force au bazar et chez les filles…

La barque qui me ramène me fait voir le Van Dyck énorme et rond sous le crépuscule. Il se balance, tirant à peine sur l’ancre. Et il est seul dans cette rade où dix transatlantiques ruissellent de lumière et de bruit. Il est seul, à peine éclairé et tenu à l’écart dans un coin du port.

Autour des steamers voisins une nuée d’embarcations entretient un vacarme de foire, le Van Dyck est seul ; les mendiants et les marchands en le reconnaissant se sont enfuis.

Comme il est triste, dans cette solitude et cette nuit !…

Au repos, il a l’air plus vieux encore. Son