Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/36

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gros corps ressemble à la coque de ces frégates dont on voit l’image dans les récits des navigateurs d’autrefois.

Dieu me pardonne ! il est presque aveugle…

— Écoute-moi, dis-je, en montant la longue échelle. Écoute-moi, je t’apporte des nouvelles… Je les ai vus

Et voilà le Bateau qui s’éveille. La torpeur du soir l’avait engourdi. Je crois qu’il ne m’avait pas vu venir.

— Ah ! fait-il avec une indifférence affectée…

— Je les ai vus, ils sont là-haut, dans la forêt d’orangers, au sommet du Monte…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— Je m’ennuie, dit le Bateau… Dans les ports, quand la nuit vient et qu’il n’y a personne à bord, je m’ennuie à mourir. Je ne peux pas parler à la Mer, car elle n’entre pas dans les ports qui lui sont fermés par des digues. Les ports sont des cloaques ; de l’eau morte et puante… Les navires nouveaux ne s’arrêtent pas dans les ports ; ils arrivent, sifflent trois fois, un chaland est là qui déverse d’un coup sa charge de caisses, et le navire reprend la mer… Je ne peux pas aller aussi vite. Le chaland qui m’apporte les marchandises n’est jamais là, et quand il arrive, il n’y a personne pour m’aider aux manœuvres.