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Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/38

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qu’Elle s’habille sans coquetterie… Parce que toute sa mise témoigne de recherches pour ne pas être remarquée. Cette robe simple, cette blouse grise, ces vêtements neutres de voyage… Elle a vu tout de suite l’émoi des hommes qui sont ici. Elle a compris que sa présence était une chose inouïe et Elle en est comme affolée. Une femme, la plus cruelle et la plus douloureuse, la plus perverse et la plus sainte, une femme révèle toujours par un pli de la bouche, par un éclat des yeux, par un ruban nouveau que le désir des hommes qui l’entourent est agréable à son cœur, ou à son orgueil, ou à ses sens… Celle-ci n’a montré que de la crainte…

Et ce matin… Quand l’agent de la Compagnie est monté à bord avec les douaniers, les policiers et l’invasion des marchands, Elle a fui dans sa cabine, et, derrière la porte fermée à clef, Elle tremblait de tous ses membres… Elle a eu honte de sa peur ensuite, car Elle a ri tout à coup. Elle s’est coiffée et Elle est partie…

Hier au soir, le docteur est resté longtemps près d’Elle… Comme Elle a pleuré ensuite, seule, dans sa cabine…

— Très tard dans la nuit, la porte s’est ouverte et Elle est sortie, toute blanche. Elle est montée sur le pont. Elle est venue s’accouder