Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je crois qu’on m’oublie… »

Il fait bon ce soir, l’air est humide et tiède…

Le vieux Bateau roule, il se berce à l’amarre comme en Mer. Malgré l’eau plate, il ondule et dodeline comme un berceau. Est-ce l’habitude ? C’est peut-être le triste hochement de tête des vieillards…

Je savais bien que le Bateau attendait mon retour. Comme je me tais à dessein, il se décide à me questionner…

— Tu les as vus… Eh bien ?…

Je me tais encore. Je suis las de cette journée passée à courir au soleil. Et je suis aussi, peut-être, un peu troublé parce qu’il y avait trop de fleurs dans les champs, trop de musique dans les chemins, et parce qu’une fille m’a parlé et parce que je les ai vus là-haut, sous les orangers.

— Eh bien ?… répète le Bateau anxieux.

— Ah ! comme ils s’aiment !…

Le Bateau hésite et songe à son tour… Le silence de la nuit nous enveloppe. Et soudain, sortant de cette anxiété, le Bateau répond :

— Ils s’aiment ? Je ne le crois pas… Lui. peut-être… Elle, non, elle ne l’aime pas. Elle ne veut pas l’aimer, ni lui, ni un autre.

— Comment le sais-tu ?

— Je le sais parce qu’Elle se cache, parce