Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/98

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monte sur le pont. Mais le couloir est plein d’une rumeur lugubre ; les portes des cabines entr’ouvertes s’agitent et frappent les murs sous le balancement nouveau du roulis…

Un râle vient qui emplit le couloir. Est-ce le mugissement lointain du vent ?… C’est un cri rauque et humain et continu, à l’entrepont…

Les yeux des hublots regardent avec épouvante.

L’appel lugubre s’enfle ; mes oreilles bourdonnent et je suis pris de la contagion de la peur qui étreint le Bateau…

Cependant, Elle est apparue dans l’encadrement de la porte ; et, tremblante et pâle, Elle questionne…

Le Docteur est tombé dans sa cabine, la tête hors de la porte. Du pied de l’escalier, je ne vois que cette tête convulsée et hurlante, les yeux chavirés, une tête de supplicié qui roule et qui tressaille et qui est seule dans ce couloir, comme si elle venait de tomber d’une invisible guillotine.

J’ai ouvert les vêtements étroits qui étouffent l’épileptique ; j’ai arraché le col et placé un oreiller sous la tête meurtrie par les coups répétés sur le sol.

Le râle s’éteint dans la bouche pleine de bave et de sang. Le corps secoué encore de convul-