Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/97

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bateau… des heures lentes… des heures de plomb… Le Bateau et la Mer parlent. La Mer s’étonne de cette histoire et le Bateau radote :

— J’ai vu tant de jeunes femmes… Une femme seule à bord, même la plus honnête, éprouve, après quelques jours, le besoin d’un confident, d’un protecteur… La Mer fait peur aux femmes, l’immensité les affole ; elles ont un besoin physique de s’abandonner à un bras masculin, de se sentir défendues contre l’imaginaire péril… Et cette femme qui, après avoir cédé à cette loi, se raidit, et reprend sa solitude… Tout à coup, comme Elle s’est reprise… Et lui qui souffre maintenant… parce qu’il ne sait pas l’irrésistible force qui, sur la Mer, porte les femmes à l’amour… Il souffre… »

Une trouée de lumière grise s’ouvre dans la masse grise de l’air surchauffé. C’est le vent qui se lève et qui fait place au soleil. Tout s’anime ; la Mer s’ébroue et secoue l’innombrable crinière de son écume blanche ; des clapotis joyeux de vagues saluent le départ du brouillard de feu. Des souffles frais entrent partout.

La Mer joyeuse gambade et couvre de lames courtes et baveuses le flanc tranquille du Bateau…

Pour fêter le retour du vent je m’habille et je