Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/104

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nuit. Le sentiment de l’isolement était intense et frais.

Pour vaincre la timidité qui m’empêchait de lui parler, je m’approchai, fixant ses yeux ardents qui brillaient.

— Quel est ton secret ?… je croyais connaître toutes tes pensées. Ta vie n’est pas différente de la mienne. Ta voix est celle de tous les hommes. Je sais que tu es vivant… et pourtant, lorsque ma main s’approche de la tienne, il me semble qu’il y a un brouillard froid autour de toi.

— …

— Tu vis passionnément la vie du camp. Je sais que ma souffrance est la tienne… Est-ce que, toi aussi… réponds-moi… est-ce que tu l’aimes ?…

Son regard se détourna du mien. Une lueur passa dans ses yeux. Il sourit et haussa les épaules.

— Peux-tu lire dans son cœur ? Je l’attends… Et toi, te voici… réponds-moi… Pourquoi es-tu venu ?

Un court frisson secoua les épaules décharnées de l’homme. Il s’approcha si près que ses vêtements touchaient les miens.

Le hurlement d’un puma, dans le lointain, retint un instant son attention.

Il y eut soudain entre nous une lumière blanche. Ce fut comme un rayon de lune traversant