Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/124

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méditer et ne parlent que lentement, avec hésitation.

Je répétai ma question :

— Veux-tu partir ?… tu me connais… je serai pour toi le compagnon le meilleur.

Le forçat souleva pesamment la tête et les épaules, comme s’il faisait un grand effort. Ses yeux jaunes et sans éclat me fixèrent un instant. Il pencha à nouveau la tête.

Assis, à mon tour, j’attendis anxieusement sa décision.

— Rien ne te retient… ta condition est plus basse que celle d’une bête de somme… tous te frappent… tu es usé par la souffrance et la maladie… La liberté… la liberté.

Sans lever les yeux, le forçat fit un geste de dénégation.

Je le forçai à se mettre debout.

— Allons, viens, dis-je brutalement.

Il se recula et, adossé à la paroi du carbet, il répéta son geste.

— Non.

Je m’élançai, prêt à frapper.

— Pourquoi ? As-tu peur ?… tu es plus lâche qu’un chien.

Des larmes brillaient dans l’ombre noire de ses yeux profonds. Tout son corps décharné tremblait.