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XXXVII



JE vais, je viens, je suis libre. Peux-tu concevoir cela : Être libre ?

— …

— N’avoir aucun maître, agir comme il te plaît. Je veux partir : le sentier est là, ouvert ; qui m’empêcherait de le suivre ?… je ne dépends de personne, ni de rien.

Tel est le langage d’un homme robuste, échappé à la maladie. Pierre Deschamps respire à pleine force. Ses muscles ont repris l’élasticité des ressorts d’acier. Il parle sans reprendre haleine, comme un homme sûr de lui. Sa voix est claire. Sa poitrine bombée et velue est ouverte au soleil.

— Ainsi, dit-il, nous partirons… nous avons assez vécu sur ce camp hostile. Les Saramacas connaissent des piayes secrets. Nous ne pourrions plus vivre parmi eux sans danger.

Ses yeux gris me regardent affectueusement. Ils portent une lumière délicate qui est comme un reflet de soleil sur l’eau tranquille.

— N’obéir qu’à soi-même… aller où souffle la fantaisie… qui pourrait s’opposer à mon désir ?

— Ainsi, nous reviendrons au placer. Et Marthe… ?

Il me regarde longuement. Et, comme si sou-