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Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/176

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lique d’Issoudun où, sur la plaine, règne la Vierge, suprême espérance.

— La route est sans retour, dit-il. Nous verrons la Ville et nous mourrons sans doute comme les chevaliers d’autrefois…

— …

— Je ne sais d’où vient cette force qui m’attire… Crois-tu à l’immortalité de l’âme ? Pourquoi les âmes de ceux qui nous ont précédés ne survivraient-elles pas ?

Comme chaque soir, la haute brume sortant de la Forêt vient sous le vent floconneux et recouvre le fleuve.

L’éventail du soleil couchant s’ouvre d’un jet, comme un feu de projecteur sur le fleuve ouaté.

Sur l’écran lumineux, des images rapides apparaissent en relief qui ne dureront qu’une minute.

La nuit est là, énorme, pressée, chassant devant elles les nuages dorés qui courent à ras du sol.

Le soleil défaillant a dessiné pour nous la ville magique. Mais la vision rapide s’est gravée dans nos prunelles et ne s’effacera plus jamais.

Dans la gloire du crépuscule, les nuages incendiés ont formé pour nous des remparts d’or massif, une citadelle et des tours, et des marches immenses descendant vers le lac, comme de gigantesques lingots d’or étagés.