Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/183

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secret. Est-ce le rayonnement de l’Indien et la révélation d’une foi nouvelle ? Lève-toi… la route est assez longue pour user tous les jours de ta vie.

.   .   .   .   .   .   .   .   .

— Ainsi, tu pars, dit le vieux Saramaca… Et tu ne connais rien de la jungle. Tu voyageras sur des cours d’eau et d’étroites pistes qui sont comme des fils invisibles dans un immense marécage… Tu tiens moins de place qu’une fourmi égarée ; tu ne vois rien au-delà du grain de sable qui te barre l’horizon… Tu pars ?… où vas-tu ?

— …

— Moi seul connais les sentiers et les criques. Sur le fleuve où je t’ai conduit l’autre nuit, je voyais librement. Encore un peu et j’aurai, comme autrefois, mes yeux grands ouverts sur le jour.

Sa peau noire et mate prend aux pommettes des teintes grises d’acier et semble ridée davantage. Il balance douloureusement la tête, comme un oiseau blessé.

— Ne pars pas, dit-il, moi seul peux te conduire… où vas-tu ?

— J’irai, dis-je, sur les hauts-plateaux d’où viennent les aigles géants. Il y a, au-delà du dernier saut, un lac encaissé entre des parois cristallines. Le quartz blanc et vitreux contient des colonnes d’or fondu. Comme un marbre précieux