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Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/23

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IV



JE n’ai jamais vu de créature aussi bizarre…

L’Indien ne parle à personne. Il va, semblable à un être égaré dans la vie. Son regard fixe les yeux et pénètre l’âme. Il exprime sa pensée par des gestes courts et rapides.

Et il rêve… Assis pendant des heures devant la balustrade qui domine la vallée, il regarde au loin devant lui. Il est enveloppé de mystère. Il y a, le soir, autour de lui, une lumière phosphorescente, comme si un feu intérieur le brûlait.

J’essaye en vain d’être son confident. Je ne peux rien apprendre de lui.

— Pourquoi parles-tu ? dit-il ; quel besoin as-tu de tes lèvres pour exprimer ta pensée ? Tu es comme un ara turbulent, comme un singe rouge qui s’agite et crie, comme un sourd qui pousse d’absurdes clameurs…

—…

— Je connais le secret de ton âme, les images et les pensées qui sont en toi. Ne parle pas… Lis dans mes yeux, ils te diront les mouvements de mon esprit…

Malgré son mutisme, l’Indien a l’allégresse matinale des oiseaux et des enfants bien portants. Il ne rit jamais, et cependant sa bonne humeur est