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contagieuse. Quelle que soit l’heure, à midi lorsque le camp embrasé est désert, le soir lorsque l’ombre des cocotiers est allongée sur le sol, toujours le rayonnement qui vient de lui met le cœur en joie pour le reste du jour.

La vie semble déborder de sa puissante structure. Ses yeux me fascinent ; lorsque ses doigts pressent les miens, et surtout lorsque, dans un geste qui lui est familier, il applique les paumes de ses mains sur mon front, je sens en moi un frémissement suivi d’une torpeur soudaine, délicieuse comme une ivresse.

Je l’ai quitté ce soir. Il était accoudé à la haute balustrade de wacapou, si profondément absorbé dans sa méditation, que je n’ai pas osé lui parler.

Dans la case commune où les hommes du camp vont et viennent avant le dîner, la silhouette de l’Indien apparaît tout à coup. Ce n’est qu’une ombre qui marche, sans toucher le sol, et qui semble translucide…

La lampe suspendue, balancée par le vent du soir, promène sur le plancher et sur les meubles des écharpes de lumière trouble et rougeâtre. J’ai vu, dans le clair-obscur, passer l’Indien qui a traversé la salle et qui s’est engagé sur le sentier conduisant au lac…