Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/25

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J’hésite cependant… et je crois que mes yeux n’ont vu qu’une image créée par mon esprit, car l’air n’a pas frémi au passage de l’homme, le plancher élastique et bruyant n’a pas révélé les pas robustes du lourd géant.

En me détournant, j’aperçois en effet l’Indien dans la position où je l’avais laissé quelques instants auparavant.

D’un élan, je viens à lui, et le secouant violemment :

— Que fais-tu ici ?

Il semble n’être plus un homme vivant. Son regard froid me fixe comme s’il n’était qu’un cadavre. Je prends ses mains ; elles sont tièdes et moites.

— Viens, dis-je avec colère.

Il se retourne pesamment ; ses bras s’appuient à nouveau sur la barre de wacapou, large comme un bastingage.

Les hommes du camp haussent les épaules à mes questions.

— L’Indien a traversé la salle, dis-je passionnément… vous l’avez vu ? Et pourtant il n’a pas quitté la terrasse. Je lui ai parlé… Il est inerte et hagard comme un homme qui aurait perdu son esprit.

Mais personne ne veut prêter attention au miracle. Cela ne mérite pas un pareil émoi. Il faut s’attendre à tout de la part de certains Indiens…