Aller au contenu

Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LIII



JE ne sais rien de toi, dit Marthe, quel est ton nom ?… J’éprouve auprès de toi une belle impression de sécurité… Je suis sans force, sans volonté en ta présence, mais je ne t’aime pas… J’ai peur de ton regard… aucun désir ne m’attire vers toi… et cependant tout mon être frémit de joie parce que tu es là.

L’Indien, debout, immobile, est la statue vivante de la force. Ses muscles en saillie sous la peau dorée sont comme des ressorts d’acier tendus. Avec son visage maigre, les pommettes saillantes, le teint couleur de poudre de bronze, imberbe et sans rides, il a l’apparence d’un homme au sortir de l’adolescence. Les lèvres fines s’ouvrent sur des dents égales et blanches. Les cheveux très plats, très noirs et brillants, sont rejetés en arrière et cachent une partie de la nuque.

Toute la vie de l’Indien afflue à fleur de peau. Son visage rayonne une telle intelligence qu’il semble donner de la joie à qui le regarde. Des yeux clairs sort une flamme qui a la douceur du bleu et la puissance de l’or.

Sous aucun ciel, aucun homme n’a jamais égalé en beauté le Peau-Rouge des Hauts-Plateaux, pur de tout sang bâtard, de même qu’aucun arbre