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XII



QUAND l’ombre eut disparu, Delorme resta longtemps assis sur le cèdre couché le long du sentier.

Les paroles que le fantôme avait prononcées restèrent quelques instants encore après son départ, comme si elles étaient suspendues aux lianes et aux fougères arborescentes autour de nous. Elles vibraient avec les premiers frissons de la nuit, et s’éteignirent lentement, une à une.

— C’est une hallucination, dit l’ingénieur… nos nerfs sont malades… y a-t-il un remède ?

— …

— Comme il a parlé… c’est véritablement un homme vivant. Vous l’avez entendu ? Il parle comme un homme sûr de lui…

Sur la colline, à l’horizon, brillaient les lumières du camp.

Il n’y avait rien à répondre aux questions de Delorme. Une ombre était là… un homme translucide nous avait parlé… nous l’avions vu l’un et l’autre. Cela ne prouvait rien. Tout est possible lorsqu’une fureur cachée bouillonne au cœur des hommes.