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Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/92

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XIX



L’UN après l’autre, les jours s’en vont ainsi dans le néant. Je sais bien qu’en somme, tout cela n’est que stérile agitation et qu’ici, sans avoir bougé d’un pas, vivant parmi des hommes exaspérés et des plantes immobiles, je cherche en vain à pénétrer le secret qui m’entoure.

Cependant, voici qu’à nouveau la vie merveilleuse des choses apparaît… et j’hésite…

Comment les hommes qui liront ce livre me comprendront-ils ? j’écris pour ceux qui vécurent avec moi : les mineurs, les bêtes, les arbres et la drague, dont l’âme m’a été révélée.

Et je suis là, au bord du marécage, troublé jusqu’aux lointains obscurs de mon âme, jusqu’à l’au-delà de ma conscience d’homme, par la présence de l’Indien…

Tout, tout ce qui remplit ce paysage, les plantes, le lac, les oiseaux, tout s’agite et murmure et s’en va de gauche à droite, entraînant dans un balancement mon cœur désemparé.

De même que les Saramacas, lorsqu’ils ont bu à perdre la raison, renoncent à la parole et crient ensemble pendant des heures, de même, les arbres et les choses inanimées, gesticulant dans la folie