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de l’orage, hurlent et frémissent et poussent d’assourdissantes clameurs.

Le vent secoue aux quatre coins l’édifice de la forêt et rugit comme un vapeur sous la tempête.

Les rafales fauchent la brousse. Le ciel tout entier, sous les coups du tonnerre, claque comme une voile.

De la hutte où je suis blotti, je vois l’Indien accroupi, les yeux fermés et qui semble dormir. Près de lui erre le fantôme au visage blafard qui s’agite, et semble exaspéré par l’orage. On entend ses pas qui clapotent dans le sentier boueux. Le treillis tendu dans l’air par la pluie le traverse.

Il va sans arrêt sur le chemin de halage, d’un bout à l’autre du lac.

Lorsque la tempête fut apaisée, il y eut un long recueillement. Une Présence invisible planait. L’Indien, debout, dardait sur l’horizon son dur regard comme une flèche brillante d’acier.

C’est alors, dans l’accalmie ensoleillée, que vint la voix de la drague.

Elle vint de la clairière, lumineuse et rouge comme un brasier, que dessinait le soleil au milieu du lac dans l’encadrement noir de la forêt, de la clairière illuminée où gisait l’énorme amas de machinerie.