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LA TÉNÉBREUSE AFFAIRE

ler. Si cela te choque, tu peux aller m’attendre dehors.

Je protestai, et pour une fois, très sincèrement.

Non seulement je n’étais nullement scandalisé que Slang s’habillât devant moi mais j’aurais fait pour assister à cette opération plus de bassesses qu’un courtisan pour être admis au petit lever du Roi.

Je m’assis donc sur une chaise de paille et pris l’attitude rassurante du bon jeune homme qui baye aux corneilles.

À ma droite, un rideau de lustrine verte était tiré sur ce que je devinais être la garde-robe du chauffeur. Ce rideau ne descendait pas tout à fait jusqu’au sol et j’étais malgré moi hypnotisé par la vue d’une demi-douzaine de talons miroitants qui apparaissaient entre le plancher et le bord inférieur de la lustrine.

Slang, devant un petit miroir à trois faces pendu à la fenêtre, se faisait consciencieusement la barbe, ce qui l’empêchait provisoirement de parler.

Il me tournait le dos et instinctivement ma main se tendait déjà vers la rangée de chaussures dont l’une, grâce à moi, fournirait demain la preuve éclatante de la vérité, mais je me retins…