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en tout cas, laissé faire l’essai ; et tout ce qu’il exige de ceux qui y recourent aujourd’hui, c’est qu’ils le fassent loyalement et sans hypocrisie. Seulement, il s’est convaincu, d’après sa longue expérience, que cet essai est ruineux et qu’il mène au désastre de l’humanité. La Violence est un chemin qui débouche fatalement sur l’abîme. À ceux qui veulent échapper, la seule route qui reste ouverte est la Non-Violence.

Entendons-nous : Gandhi ne dit pas qu’elle sauvera maintenant l’humanité. Il ne sait pas si l’humanité d’aujourd’hui sera sauvée[1]. Mais si elle l’est, ce ne peut être que par la Non-Violence.

C’est une expérimentation : la dernière. Elle serait désespérée, si, pour un solitaire de l’Inde, qui a toujours le refuge de l’Infini, plus réel que ce monde de combats, il ne restait la ressource de revenir aux mains du « Divin Potier »[2].



Revenons sur ces traits. Les textes mêmes du Mahatma en montreront l’intensité tragique.

« … Je n’ai d’autre prétention, annonce-t-il, au début de sa campagne (12 mai 1920), que de chercher la vérité. Je suis un homme qui sait ce qui lui manque, qui se trompe, et qui n’hésite jamais à le reconnaître. J’avoue franche-

  1. P. 37-39. « La Non Coopération est peut-être en avance sur son temps. En ce cas, il faudra que l’Inde et le monde entier attendent… » Mais cela ne touche pas à sa valeur. (1er juin 1921).
  2. « … Mon désir intense de me perdre dans l’éternel et de devenir un simple morceau d’argile entre les mains du Divin Potier, afin que mes services deviennent plus certains, n’étant plus entravés pur mon être inférieur… » (17 novembre 1921).