Page:Gandhi - La Jeune Inde.djvu/38

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Le Satyâgraha diffère autant de la Résistance Passive que le Pôle Nord du Pôle Sud. Conçue pour être l’arme des faibles, cette dernière pour atteindre son but n’exclut pas la force ou la violence physiques, alors que le premier conçu pour être l’arme du plus fort rejette l’emploi de la violence, sous quelque forme que ce soit.

Le mot Satyâgraha fut créé par moi, alors que je me trouvais dans l’Afrique du Sud, pour exprimer la force employée là-bas par les Indiens pendant huit années entières, afin de distinguer ce mouvement de celui qui existait à cette époque dans le Royaume Uni et dans l’Afrique du Sud sous le nom de Résistance Passive.

Étymologiquement, le mot signifie : se retenir à la Vérité — d’où, Force de Vérité. Je l’ai appelée également Force d’Âme ou Force d’Amour. En pratiquant le Satyâgraha, je m’aperçus rapidement que la recherche de la Vérité n’admettait point qu’on eût recours à la violence contre son adversaire et qu’il fallait arriver à le tirer de l’erreur par la patience et la sympathie : car ce qui paraît Vérité à l’un peut sembler erreur à l’autre. Et la patience implique la souffrance personnelle. La doctrine en vint donc à représenter qu’on défend la Vérité non pas en faisant souffrir son adversaire, mais en souffrant soi-même.

Dans le domaine de la politique, lutter dans l’intérêt du peuple consiste surtout à combattre l’erreur manifestée sous forme de lois injustes. Lorsque, par des pétitions et autres méthodes analogues, vous avez échoué dans votre tentative pour démontrer au législateur qu’il se trompe, il ne vous reste d’autre