Page:Gandhi - La Jeune Inde.djvu/51

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que a toutes les raisons de se montrer fier et dont chaque Indien devrait être satisfait. Venant à la suite des révélations faites devant la Commission de Lord Hunter, la Proclamation laisse apparaître le véritable caractère anglais. Car de même que la Proclamation nous en montre le meilleur côté, les cruautés du général Dyer nous en dévoilent le plus mauvais[1]. La Proclamation témoigne du désir d’agir avec équité, les actes du général Dyer montrent l’homme, sous l’influence de la peur et de l’emportement, devenu démon. La juxtaposition des deux événements est, je crois, purement accidentelle. La Proclamation était l’aboutissement inévitable de la mesure importante qui avait reçu le consentement royal. Elle y a mis la dernière touche. La loi sur les Réformes, jointe à la Proclamation, est le gage des intentions équitables du peuple britannique, et en conséquence elle devrait éloigner tout soupçon. Mais ceci ne veut pas dire que nous restions les bras croisés, et que nous nous attendions à obtenir tout ce que nous voulons. Sous le régime constitutionnel britannique, rien ne s’obtient sans lutte sérieuse. Personne n’a cru une seconde ce qui a été dit au Parlement : que les Réformes n’avaient pas été accordées à cause de l’agitation. Vous n’aurions point avancé d’un pas, s’il n’y avait eu un Congrès pour réclamer les droits du peuple ? Faire de l’agitation n’est autre chose qu’un mouvement vers un but déterminé. Mais de même que tout mouvement ne signifie point progrès, toute agitation ne signifie pas succès.

  1. Sur le général Dyer et le massacre de Jallianwalla Bagh (12 avril 1919), voir R. Rolland, op. c. p. 60-63.