Page:Gandhi - La Jeune Inde.djvu/59

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eût été lavée : mais cette réserve et cet exclusivisme n’ont jamais affecté mon étroite intimité avec mes amis Mahométans et Chrétiens, ni avec mes fils.

Dîner en commun et s’épouser n’a jamais empêché les désunions, les querelles, ou pire. Les Pandavas et les Kauravas qui dînaient ensemble et s’alliaient par mariage se prenaient à la gorge sans le moindre remords. La haine entre Allemands et Anglais n’est pas encore éteinte.

À dire vrai, les alliances et les dîners, ne sont pas nécessairement des facteurs d’amitié et d union, s’ils en sont souvent l’emblème. Insister sur l’un et sur l’autre peut facilement devenir et est actuellement un obstacle à l’Union Hindoue-Musulmane. Si nous nous imaginons que les Hindous et les Musulmans ne peuvent être unis sans dîner ensemble et se marier entre eux, nous allons élever une barrière artificielle entre eux qu’il sera bien difficile de détruire. D’autre part l’union grandissante entre Hindous et Musulmans va se trouver sérieusement entravée, si les jeunes Mahométans, par exemple, en arrivent à croire qu’ils peuvent légalement faire la cour aux jeunes filles Hindoues. Les parents hindous, s’ils en ont le soupçon, ne voudront plus admettre les Mahométans dans leur intérieur, comme ils ont commencé à le faire. À mon avis, il faut que les jeunes Mahométans et Hindous tiennent compte de cette restriction.

Je considère qu’il est absolument impossible que des mariages aient lieu entre Hindous et Mahométans et que chacun demeure fidèle à sa religion. La véritable beauté de l’Union Hindoue-Musulmane consiste justement dans ce fait que chacun des deux