Page:Gandhi - La Jeune Inde.djvu/60

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reste fidèle à sa religion, tout en respectant celle de l’autre. Car nous pensons aux Hindous et aux Mahométans du type le plus orthodoxe, capables de se considérer comme des ennemis naturels, ainsi qu’ils l’ont fait jusqu’à présent.

En quoi consiste donc l’Union Hindoue-Musulmane, et comment peut-on l’encourager ? La réponse est simple. L’Union consiste à avoir un but commun, un espoir commun et des souffrances communes. Afin de l’encourager, il nous faut coopérer pour ce même but, partager nos souffrances et exercer une tolérance mutuelle. Notre but commun est que notre grand pays devienne plus grand encore et qu’il se gouverne lui-même. Nous ne manquons pas de tristesses à partager. Et aujourd’hui que les Mahométans sont profondément touchés par la question du Califat et que leur cause est juste, rien ne saurait mieux gagner leur amitié que si les Hindous soutiennent de tout cœur leurs revendications. Boire et manger ensemble les unira bien moins que de s’aider dans la question du Califat.

En tout temps et pour toutes les races, une grande tolérance est nécessaire. Nous ne pouvons vivre en paix si les Hindous se refusent à permettre aux Mahométans les formes extérieures de leur religion, leurs manières et leurs coutumes, ou si les Mahométans supportent mal l’idolâtrie Hindoue et son culte de la vache. Il n’est pas nécessaire que j’approuve ce que je tolère. Je déteste sincèrement boire, manger de la viande et fumer ; mais je tolère ces choses chez les Hindous, les Mahométans et les Chrétiens, de même que je m’attends à ce qu’ils tolèrent mon abstinence, même si elle leur est désagréable. Toutes les querel-