Page:Garcin de Tassy - La Langue et la littérature hindoustanies en 1876.djvu/114

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tianisme romain, vaut moins encore en réalité que l’hindouisme, car il ne prêche que l’athéisme, le nihilisme et le désespoir[1].

L’islamisme, qui annonce le vrai Dieu vivant, les récompenses et les peines futures, est donc bien au-dessus de ces religions si évidemment fausses. Comme il est fondé sur la Bible, il semble en préparer le triomphe, mais c’est précisément parce qu’il est plus rapproché de la religion chrétienne qu’il y est plus hostile, convaincus que sont les musulmans qu’ils possèdent la vérité tout entière, tandis que le christianisme seul est le vrai interprète de Dieu pour l’homme. Ne disons donc pas avec Longfellow :

. . . . . . . . In the sight of God
Perhaps all men are heretics. Who dare
To say that he alone bas found the truth?

Dans un savant écrit sur le « Progrès comparatif des missions anciennes et modernes[2] », le Rév. J. B. Lightfoot combat l’idée généralement reçue que les missionnaires actuels ne font pas ou presque pas de prosélytes dans l’Inde, tandis que les anciens apôtres chrétiens, comme on vient de le voir, en firent un très-grand nombre ; car on sait que saint François Xavier et ses compagnons convertirent cinq cent mille Tamouls, et les Hollandais trois cent mille Singalais ; mais c’est qu’ils avaient affaire à des populations peu avancées en civilisation ; ils étaient favorisés par les princes du pays, ils ne touchaient pas au régime des castes, et d’ailleurs il n’y avait pas de musulmans dans les parages où ils exerçaient leur zèle. La diffusion du christianisme est nécessairement lente chez un peuple ou la religion est essentiellement mêlée à toute la vie civile. Il en fut de même dans l’empire romain ; mais alors comme aujourd’hui la qualité compensait souvent ce qui manquait en quantité., car

  1. Ibid., p. 13.
  2. « Comparative progress of ancient and modern missions. »