Page:Garcin de Tassy - La Langue et la littérature hindoustanies en 1876.djvu/14

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tant en allant en Angleterre qu’en en revenant, est le premier ministre du Nizam (souverain) du Décan, dont la capitale est Haïderabad. C’est lui qui, depuis vingt-trois ans, dirige, avec fermeté, énergie et prudence, les vastes États dont la Reine d’Angleterre est suzeraine. Il a rendu de grands services aux Anglais, car c’est à lui qu’ils doivent le traité par lequel le Nizam céda le Bérar à la Compagnie des Indes orientales, et, depuis lors, il a fait ses efforts pour établir la paix, l’ordre et le bon état financier de son pays. Lors de la grande insurrection de 1857, Haïderabad était rempli de soldats turbulents et de masses fanatiques. La résidence britannique fut attaquée, et Salar Jang lui-même, qu’on savait favorable aux Anglais, fut l’objet des menaces d’une populace armée ; mais il fit tête à l’orage, et il préserva son pays d’une crise imminente. Il sut tenir en paix les sujets du Nizam, et il se servit de son influence sur le Prince régnant pour le déterminer à unir ses troupes à celles de l’Angleterre, afin de triompher de l’insurrection dans l’Inde centrale. C’est pour ces services que Salar Jang a été nommé grand commandeur du « Star of India », qu’il a reçu le titre anglais de « Sir », et, ce qui est plus essentiel, qu’il a obtenu la rétrocession d’une partie des provinces cédées à l’Angleterre et l’abandon d’une dette considérable du gouvernement du Décan. Depuis la mort du dernier Nizam, en 1869, Salar Jang est le principal membre du Conseil de régence qui gouverne l’État au nom du Prince, qui n’a encore que onze ans[1].

Sir Salar Jang a été reçu à Windsor par la Reine, à qui il a offert un nazar en signe de dépendance. Ce qu’il y a de curieux, c’est que, bien que musulman et même schiite, tandis que le Nizam est sunnite, il a voulu voir Rome et le

  1. « Indian Mail » du 22 mai 1870.