Page:Garcin de Tassy - La Langue et la littérature hindoustanies en 1876.djvu/140

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fesseur de sanscrit et de zend à l’Université de Munich, ou il était aussi un des membres les plus distingués de l’Académie royale que préside le célèbre chanoine Dôllinger.

Le 25 juillet, l’éminent indianiste Robert Childers a été enlevé à la fleur de l’âge (car il n’avait que trente-huit ans), à l’érudition, à son aimable compagne, à ses jeunes enfants et à ses nombreux amis. D’entre les langues modernes de l’Inde, il s’était surtout occupé du singalais ; mais il s’était adonné spécialement avec une sorte de passion à l’étude du pali, il y avait excellé, et il en avait rédigé un dictionnaire qui a été couronné par notre Académie des inscriptions. Il professait du reste cette langue à l’Université de Londres, et il était adjoint au savant et obligeant Mr. le Dr. Rost, à la Bibliothèque de l’« India Office », pour la conservation de la précieuse collection de manuscrits et imprimés orientaux qui s’y trouvent. La perte de M. Childers est immense pour la littérature indienne, à qui la jeunesse du défunt semblait promettre une série de bons et utiles travaux. Espérons que son ami M. Léon Féer, héritier naturel du manteau de cet Élie de la science aryenne et bouddhiste, suivra comme Élisée et avec autant de succès les traces de celui qui néanmoins fut plutôt en réalité son émule que son maître.

Le 10 août, il est mort aussi en Angleterre le grand arabisant Edward William Lane, à l’âge de soixante-quinze ans. Je le mentionne ici, bien qu’il ne se soit jamais occupé d’hindoustani, parce que l’arabe, dont il avait fait sa principale étude, est la base des langues de l’Orient musulman, et que sa connaissance est sinon absolument indispensable, du moins très-utile pour l’étude de ces langues, et par conséquent pour celle de l’hindoustani-urdu. Ce savant modeste avait passé plusieurs années en Égypte, et il y avait été en rapport avec des schaïkhs habiles en leur langue qu’il avait ainsi pu étudier à fond. Il parlait l’arabe avec facilité et se mettait aisément en rapport avec les indigènes. C’est ainsi qu’il a pu publier ses « Manners and customs of modern Égyptians »,