Page:Garcin de Tassy - La Langue et la littérature hindoustanies en 1876.djvu/16

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pas ainsi, et sans parler de l’anglais, langue du gouvernement, du sanscrit, langue littéraire des Hindous, et du persan, langue littéraire des musulmans, il y a, outre l’hindoustani, vingt autres idiomes assez cultivés pour mériter le nom de langues. Toutefois, heureusement, l’hindoustani est parlé, et surtout compris un peu partout, mais on s’en sert spécialement (comme je l’ai dit bien des lois) dans le haut Bengale, dans toutes les Provinces nord-ouest et dans le Rajputana, peuplés de cent millions d’âmes[1].

On trouve, dans le Rapport pour 1875 de la « Société pour la propagation de l’Évangile dans l’étranger »[2], une carte de l’Inde relative aux langues qui y sont parlées. On y voit que l’hindoustani, soit urdu, soit hindi, occupe les provinces du centre, du nord et du nord-ouest, c’est-à-dire la très-grande partie de ce vaste empire ; et, à ce sujet, le Rév. R. Caldwell fait observer[3] que, bien qu’on considère généralement l’urdu comme distinct de l’hindi, il n’est en réalité que l’hindi musulman, c’est-à-dire avec un mélange de beaucoup de mots persans et arabes.

Voici maintenant un article sur l’hindoustani, écrit par un ami chaleureux de l’Inde, le faquir Chand, secrétaire de l’Anjuman de l’Arab sarâï de Dehli : « Beaucoup d’Anglais, et même la plupart d’entre eux, dit-il[4], se plaignent de ce que, généralement, les Indiens ne savent pas grammaticalement leur langue ; de plus, que, bien loin d’en apprécier la beauté et la richesse, ils la considèrent comme un composé vulgaire et sans valeur, parce qu’ils ne sont pas capables d’en comprendre la grâce et l’élégance. S’ils veulent s’occuper des langues, ils travaillent à l’arabe et au persan, et

  1. On appelle plus spécialement marwâri le dialecte des États rajpoutes.
  2. « Society for the propagation of Gospel in foreign parts. »
  3. « The languages of India », loc. cit.
  4. Panjâbî du 11 mars 1876.