naient les ifs à cinq branches produisait l’effet de la lumière du jour. On voyait sur un éléphant le magnifique ta’ziya et après lui les chevaux de main, la police armée et les soldats de la municipalité d’Aoude qui marchaient pas à pas. Ensuite venaient des porte-bannières, le cheval qui représentait le duldul d’Ali, les chanteurs de marsiyas, les gens de la maison du nabab et ses parents qui faisaient partie de la procession du deuil. Puis enfin on voyait le catafalque de Sakîna[1]. La réunion était si considérable que depuis le ’Aïsch-bâg (jardin du plaisir) jusqu’au Karbala il y avait comme une chaîne de pèlerins. Beaucoup de curieux s’étaient joints à ceux qui prenaient une part véritable au deuil, et cette manifestation était réellement imposante. »
Les marsiyas qu’on y chanta furent surtout, sans doute, ceux de Mirza Dabir, dont j’ai annoncé le décès l’an passé[2], et qui ont été publiés en deux volumes[3], dont le premier avait déjà paru, mais est aujourd’hui complété par le second. « Comment pouvoir, dit le rédacteur de l’Awadh Akbâr[4], faire de cette poésie éloquente l’éloge qu’elle mérite ? Ce n’est pas une exagération de dire qu’elle est le roi du climat de la pensée et comme le dieu du discours. Le fait est que chacun de ces marsiyas est un chef-d’œuvre d’urdu et un cahier d’éloquence. Jusqu’à la résurrection il n’y aura pas de poëte comme Dabir, qui est l’unique du siècle et l’objet de l’admiration générale. Et de même que Sahban chez les Arabes a été célèbre dans son temps et a surpassé tout le monde par son éloquence, en sorte que son nom est cité jusqu’à présent, de même le nom et les œuvres de Mirza Dabir resteront toujours. Tant à cause de la pureté de son langage