Page:Garcin de Tassy - La Langue et la littérature hindoustanies en 1876.djvu/56

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disent que, s’il n’y en avait pas, l’Inde serait un paradis pour les fonctionnaires de l’État. Ces journaux, en effet, épluchent la conduite de ces fonctionnaires, et, naturellement, ceux-ci sont mécontents. Quelques-uns de nos contemporains annoncent que le gouvernement est disposé a éteindre les lumières de l’Hindoustan et à y répandre partout les ténébres ; mais nous pensons qu’il n’y a pas de crainte à avoir à ce sujet. Si nous savions que cette appréhension eût quelque fondement, non-seulement nous nous plaindrions hautement, mais nous démontrerions les inconvénients de la censure sur les journaux dont on nous menace ; car si on nous privait de la liberté de la presse, l’avantage que le pays retire des journaux serait anéanti. Si les journaux n’existaient plus dans l’Inde, le gouvernement ferait tout ce qu’il voudrait, et il n’y aurait personne pour montrer au doigt ce qui pourrait être défectueux. Toutefois, comment les Anglais aimeraient-ils les restrictions dont on parle et permettraient-ils de les établir ? Nous sommes donc certains que cette mesure n’aura pas lieu, et qu’aucun changement ne sera apporté à la liberté des journaux. »

Malgré tout ce qui précède, il est très-vrai que le gouvernement songe à imposer une censure modérée aux journaux indigènes, qui abusent quelquefois, il est vrai, de la liberté dont ils jouissent[1].

En Cachemyre, la presse est libre, car le premier ministre du maharaja l’a déclaré à un de ses employés qui se plaignait à lui d’un article du Tuhfa-i Kaschmir[2]. Ce qui est certain, c’est que, ainsi que l’a dit Mr. C.-W. Leitner[3], « lorsque l’Orient aura les journaux à bon marché (libres, cela va sans dire) et des chemins de fer, pourvu qu’il n’imite pas servilement l’Occident dans ses réformes, il reprendra

  1. « Indian Mail » du 25 septembre 1876.
  2. ’Alîgarh Akhbâr du 5 novembre 1875.
  3. « Public Opinion », de Lahore, du 27 juillet 1876.