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urdu, qui est considéré comme l’hindoustani le plus pur.

Si nous faisons attention aux noms des villes de ces poëtes, nous saurons par là celles dans lesquelles les deux dialectes musulmans sont non-seulement usités, mais le plus cultivés. Ce sont pour le dakhni : Surate, Bombay, Madras, Haïderabad, Seringapatam, Golconde ; pour l’urdu : Delhi, Agra, Lahore, Mirat, Lakhnau, Bénarès, Cawnpour, Mirzapour, Faïzabad, Ilahabad et Calcutta où l’hindoustani est aussi usité que le dialecte provincial.

Amman, qui est considéré comme le premier prosateur hindoustani, a écrit à Calcutta, et il dit à ce sujet, dans la préface du Bagh o Bahar :

« Moi aussi j’ai parlé la langue urdue, et j’ai métamorphosé le Bengale en Hindoustan. »

Il est facile de reconnaître à leur nom seul les écrivains musulmans ou hindous, et il y aurait même une étude curieuse à faire sur les noms de ces poëtes. J’ai traité ailleurs[1] de ce qui concerne les noms et les titres musulmans ; je ne bornerai à rappeler que les poëtes musulmans de l’Inde peuvent avoir jusqu’à six noms, surnoms ou titres différents, dont plusieurs doubles et triples, c’est-à-dire des alam ou noms de saints musulmans, des lacab, sortes de sobriquets honorifiques, comme Gulam Akbar (serviteur de Dieu), Imdad Ali (la faveur d’Ali) ; des kunyats, surnoms exprimant la descendance ou la paternité, comme Abu Talib (père de Talib), Ibn Hischam (fils de Hischam) ; des nisbats, surnoms indiquant le pays ou l’origine, comme Lahori (de Lahore) ; Canauji (de Canoje) ; des khitâbs, titres de rang ou de nationalité, tels que Khan, Mirza, etc., et enfin le surnom poétique ou takhallus, qui est ordinai-

  1. Mémoire sur les noms et titres musulmans.