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rement un substantif ou un adjectif arabe ou persan et non indien.

Au lieu des noms des saints de l’islamisme, que portent les auteurs musulmans, les Hindous prennent les noms de leurs dieux ou de leurs demi-dieux. Les musulmans se nomment, par exemple, Muhammad, Ali, Ibrahim, Haçan, Huçaïn, etc. ; les Hindous, Har, Narayan, Ram, Lakhschman, Gopinath, Gokulnath, Kaschinath[1], etc.

Les surnoms honorifiques musulmans de Abd ul’Ali (serviteur du Très-Haut), Gulam Muhammad (serviteur de Mahomet),’Ali mardan[2] (serviteur d’Ali), etc. ; ont leurs équivalents hindous dans Sivadas (serviteur de Siva), Krischnadas, Madhodas et Kéçavadas (serviteur de Krischna), Nanddas (serviteur de Nand), Haldhardas (serviteur du porte-soc de charrue, c’est-à-dire de Bal), Surdas (serviteur du Soleil).

Et les Hindous ne sont pas seulement serviteurs de leurs dieux, ils le sont de leurs rivières, de leurs plantes et de leurs villes sacrées.

Ainsi, nous avons des Gangadas (serviteur du Gange), des Tulcidas (serviteur de l’ocimum sanctum), des Agradas (serviteur d’Agra), des Kacidas (serviteur de Bénarès), des Mathuradas (serviteur de Mathura), des Dwarikadas (serviteur de la ville fondée miraculeusement par Krischna).

Aux titres de Mahbub ’Ali (chéri d’Ali), Mahbub Huçaïn (chéri de Huçaïn), etc., répondent ceux de Schri Lal (chéri

  1. Les trois derniers noms sont des noms de Krischna.
  2. Ce nom, qui est celui d’un personnage de l’Inde, signifie proprement « les gens d’Ali », car mardan est le pluriel du mot mard, « homme » ; mais le pluriel se prend souvent dans l’Inde pour le singulier, ainsi que je l’ai déjà dit dans mon Mémoire sur les noms et titres musulmans.