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khallus peuvent être pris par les poètes de deux religions, et on ne peut savoir, par conséquent, lorsque ces auteurs ne sont désignés que par ces surnoms, s’ils sont Hindous ou musulmans.

Parmi ces écrivains, nous trouvons un certain nombre d’Hindous devenus musulmans, mais aucun musulman qui ait fait profession de l’hindouisme[1], à moins qu’il ne soit entré dans une secte radicalement réformée, telle que celle des sikhs, par exemple, qui nomment Mazhabi (religionnaires) les musulmans convertis à leur croyance. En effet, passer de l’islamisme à l’hindouisme, ce serait rétrograder, tandis que pour les Hindous l’islamisme est un progrès évident, puisque la croyance en l’unité de Dieu et en la vie future en est la base. D’ailleurs le rationalisme n’a pas pénétré chez les musulmans de l’Inde ; ils sont encore très-zélés pour leur culte, bien que dans la pratique il soit entaché d’hindouisme, et ils font journellement des prosélytes. C’est ainsi que nous voyons des poëtes hindous embrasser l’islamisme, renoncer au monde et chanter dans leurs vers l’unité de Dieu. Tels sont entre autres Muztarr (Lala Kunwar Sen), qui a celébré en beaux vers hindoustanis ce que les musulmans appellent « le martyre de Huçain, » et une douzaine d’autres poëtes mentionnés par les biographes originaux.

Nous trouvons aussi parmi les écrivains hindoustanis quelques Hindous convertis au christianisme, et même, chose beaucoup plus rare et presque inouïe, quelques musulmans devenus chrétiens. Voici comment s’énonce le biographe Schefta en parlant d’un poëte urdu surnommé

  1. Toutefois le Bhakta mâl (Hist. de la littér. hind., t. ii, p. 58) mentionne la conversion d’un musulman à l’hindouisme.