Page:Garcin de Tassy - Les Auteurs hindoustanis et leurs ouvrages.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nent le titre de Mirza[1] avant leur nom, ou de Beg après ; on les nomme aussi Aga ou Khaja. Les Pathans enfin sont appelés Khan. Les faquirs musulmans reçoivent les titres de schah, de sufi ou de pir. Leurs docteurs sont nommés maula ou mulla. Les dames reçoivent les titres de khanam, bégam, khatun, sahiba ou sahib, bi ou bibi.

Schri et Déva sont des titres d’honneur hindous : le premier signifie proprement saint, et le second dieu. Schri se met avant les noms et Déva après. On emploie aussi ces titres avec les noms de villes, de montagnes, de rivières, etc.[2] On donnait aussi autrefois dans les Gaules les noms de divus ou diva aux villes, aux forêts, aux montagnes. C’était un usage indien transporté, avec les origines du langage celtique et de la religion druidique, des bords du Gange à ceux de la Meuse, de la Marne et de la Seine. De nos jours, les Russes nomment encore leur pays la sainte Russie.

Les souverains de l’Inde donnent, même actuellement, aux poëtes les plus distingués de leurs états, ou aux plus favorisés, soit le titre musulman de Saïyid uschschu’ara (seigneurs des poètes), ou Malik uschschu’ara (roi des poëtes), soit les titres hindous de Kabischar (seigneur des poëtes), Bar kavi (excellent poëte), etc.

Les Hindous qui ont écrit en urdu ont adopté l’usage musulman de prendre un takhallus, et comme ces surnoms de fantaisie sont généralement empruntés au persan, qui est la langue savante des musulmans de l’Inde, les mêmes ta-

  1. En Perse, le titre de Mirza, qui signifie « fils d’émir », désigne un prince après le nom ; mais avant le nom, c’est un titre banal qu’on donne entre autres aux lettrés.
  2. Les musulmans emploient, dans ce cas, l’expression de Hazrat. Ils disent ainsi : Hazrat Dilli, Hazrat Agra.