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abordé sous cette forme tous les sujets : sévères et gracieux, graves et légers.

Les pièces en strophes de trois, quatre, cinq, six, sept, huit, dix hémistiches, nommées conséquemment muçallas, murabba’, mukhammas, muçaddas, muçabba’, musamman, mu’aschschar, peuvent être des complaintes ou marciyas, des chants de réjouissance, mubarak-bad, ou tout autre chose.

Il y a même des poëmes dont le titre spécial semble fixer le sujet et qui cependant n’en ont en réalité aucun de dé terminé. Tel est par exemple : le Saqui-nama « Poèrce (proprement, livre) de l’échanson », qui devrait, il semble, être toujours une chanson à boire, et qui roule quelquefois cependant sur d’autres sujets. Ainsi, par exemple, Haïdar (Haïdar Bakhsch) en a fait un à la louange d’Ali.

Il en est à peu près de même pour les poésies hindies proprement dites. Les noms particuliers des poëmes n’ont pas trait à leur sujet. Ainsi on trouve des pad sur toute chose, et les tappa servent à la fois pour les chants du holi et pour ceux des mariages, qui ont quelquefois l’appellation spéciale de badhawa.

Les poésies musulmanes de peu d’étendue ont un cachet mystique qui les fait reconnaître. Dans les vers hindoustanis il est d’usage, comme en persan, de décrire sous les traits d’un jeune homme la beauté des femmes.

Dans le dialecte hindi, on met au contraire dans la bouche d’une femme des vers d’amour à l’égard d’un jeune homme ; cet usage a même lieu quelquefois en urdu, et dans ce cas, on donne à ces poésies le nom de rekhti, féminin indien du mot persan rekhta « bigarré », donné à la poésie hindoustanie. Inscha ullah Khan avait mis en vogue au commencement de ce siècle ce genre de poésie.