Page:Garcin de Tassy - Manuel de l’auditeur du cours d’ourdou.djvu/39

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querai pas de mettre à profit vos offres de service ; mais je dois vous dire que pour l’instant mes commandes sont très-peu considérables, attendu que depuis quelque temps le commerce languit ici et qu’on n ose ainsi Se livrer à de grandes opérations. Cependant, pour commencer une correspondance qui pourra devenir avantageuse à nos deux maisons, veuillez bien in envoyer les prix courants des principales étoffes de soie ; et s ils m’offrent quelque avantage, je vous en expédierai quelques pièces pour vous prouver le désir que j’ai d’être du nombre de vos amis. De votre côté, je vous prie de m’honorer de vos ordres, et je m’empresserai de les remplir.


XI. D’UN INDIEN VOYAGEANT EN EUROPE.


Vous savez que je m’embarquai sur un navire français de Nantes. Après une assez longue traversée, nous arrivâmes en cette ville. Nous jetâmes l’ancre et nous tirâmes le canon ; alors un bateau vint nous prendre et nous descendit sur le quai. Là de petits marchands nous offrirent à acheter du pain et du beurre frais, denrées dont nous avions été privés pendant six mois. En revoyant leur pays natal, les marins se livrèrent à la joie. De mon côté, je fus aussi fort content ; depuis longtemps en effet je n’avais vu que le ciel et l’eau, et je n’avais marché que sur les planches du navire, ce qui était bien triste et bien ennuyeux. Je fus étonné de voir beaucoup de Français porter des sabots au lieu de souliers ; on m’assura que ce n’était point ainsi en Angleterre, et que les gens les plus pauvres ne se servaient point de ce genre de chaussure.