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hindoui et hindoustani[1], cet idiome est la langue des sectes nouvelles. C’est en hindoui que sont rédigés les livres des Jaïns, l’Arth-Vipàky le Kaustubh[2], les deux Sripala-Charitra[3], le Kalpa-Sutra, etc. ceux des Sikhs et de tous les autres dissidents, excepté des bouddhistes, antédeurs à l’époque de la formation de l’hindoui. C’est dans cet idiome que les vaïschnavas, parmi lesquels ont surgi les réformateurs modernes de l’ancien culte brahmanique, ont écrit leurs belles poésies religieuses[4]. Nous devons citer, comme les plus éminents, Kabir, Nanak[5], Râmâ-

  1. Préface du premier volume, p. 6. Tous les ouvrages et les auteurs que je cite ici sont mentionnés dans le même ouvrage, soit dans le premier, soit dans le troisième volume.
  2. Histoire de la littérature hindoui et hindoustani, t. Ier, p. 304.
  3. Ibid. p. 401 et 520.
  4. En effet, le rév. Stevenson a remarqué, avec juste raison (Journ. of the Bombay branch of the royal Asiatic Society, n. 1, p. 3), que ce sont les vaïschnavas et non les sivas qui ont écrit dans les dialectes modernes, les derniers étant restés fidèles au sanscrit.
  5. Le Grantha ou Adi Grantha, nommé aussi Gurû-Mukhî (traditions des gurus), dont Nanak est censé l’auteur, et dont j’ai parlé dans le tome Ier de mon Histoire de la littérature hindoui, p. 385, est proprement une compilation faite, à la fin du xvie siècle, d’après les écrits de Nanak et de ses successeurs immédiats, par le guru Arjun-mal, qui paya de son sang l’intolérance musulmane, et il comprend aussi les compositions de quelques vaïschnavas. L’exemplaire qui se trouve au Sikh-Sangat (chapelle des Sikhs), de Bénarès, et qui se nomme Sambhu-Granth, contient, dit-on, des extraits des auteurs hindoui suivants : Nanak, Nam-déo, Kabir, Schaïkh, Farid-uddîn, Dhana, Ramanand, Pipa, Séna, Jayadéva, Phandak, Sudama, Prahlad, Dhuru, Raï-dâs, Bibhischan, Mîra-bâï, Kerma-bâï. (Asiat. Researches, XI, 212 ; XVII, 238). Au surplus, il y a à Londres un exemplaire du Granth, à la bibliothèque de l’East-India house ; j’en ai moi-même un autre exemplaire ; et un troisième a été rapporté de l’Inde par M. Théroulde. L’auteur du Dabistan nomme bani बाणि les poèmes de Nanak, et il entre dans de curieux détails au sujet de ce personnage célèbre. On les lit avec intérêt dans la traduction que mon honorable ami M. Troyer a donnée de cet ouvrage, précieux par les informations qu’on y trouve sur les religions de l’Asie (t. II, p. 251 et suiv.).

    Il est essentiel de faire observer que le dialecte du Granth n’est pas, comme on pourrait le croire, celui du Panjab, le panjabi proprement dit, dont le rév. Garey a publié une grammaire ; mais c’est un véritable dialecte hindoui, où l’on trouve même les particules ordinaires du génitif.