Page:Gardey - Anglophilie gouvernementale.djvu/25

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qui se sont succédé, et surtout en dernier lieu, à M. le gouverneur Isidore Chessé.

Que les sociétés d’évangélisation aient tiré profit de l’acte précité ainsi que de ses conséquences pour, en France, placer sur un piédestal auprès de nos gouvernants de l’époque, et leur mission, et le chef de cette mission, voilà tout ce qu’elles peuvent hautement revendiquer ; personne n’y contredira, de même qu’à Tahiti nul n’ignore que quelques rares administrateurs, affiliés ou non à la secte, ont cru, soit par fanatisme, soit pour se ménager un appui qu’ils s’exagéraient peut-être, soit enfin pour se conformer aux instructions que leur adressait l’administration centrale des colonies, devoir adresser des rapports dans lesquels le rôle de la mission était plus ou moins amplifié.

Mais j’affirme que les agissements de M. Viénot, en tant que chef du protestantisme dans ces îles, a toujours été et est encore complètement inefficace, au point de vue politique s’entend. Ce qui se passe, depuis huit ans, aux Îles-sous-le-Vent, où quelques centaines d’indigènes, soutenus par leurs pasteurs anglais, sont toujours rebelles à nos institutions, le démontre péremptoirement. — En nous plaçant au point de vue religieux, le rôle de M. Viénot n’est guère plus considérable, si l’on remarque que la population véritablement indigène de Tahiti s’élève à peine à 7,000 habitants, hommes, femmes et enfants, parmi lesquels il faut compter environ un quart de catholiques…, et les indifférents qui, là comme un peu partout, ne laissent pas que d’être encore les plus nombreux.

Qu’est-ce que cela, en comparaison de Madagascar ?

Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur en chef, l’expression de mes sentiments les plus distingués.

P. GARDEY,
Chef de bureau de première classe des directions
de l’Intérieur aux colonies, en retraite,
En service à Tahiti de 1872 à 1886.