Page:Gardey - Anglophilie gouvernementale.djvu/24

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soient pas intervenues auprès de leurs nouveaux coreligionnaires et aient continué à laisser la place aux pasteurs anglais ? tandis que même avant l’établissement de notre protectorat sur ce pays, les missions catholiques françaises avaient tenté de s’introduire à Tahiti où d’ailleurs elles se sont établies aussitôt après notre arrivée. Il a fallu qu’à la réunion de l’assemblée législative tahitienne de 1862, le gouverneur de l’époque fît adopter une proposition tendant à l’envoi à Tahiti de deux pasteurs protestants officiels pour lesquels un traitement fut inscrit au budget du service indigène.

C’est seulement quelques années après, en 1868 ou 1869, que M. Viénot, missionnaire libre, agent des sociétés françaises d’évangélisation, arriva à Tahiti. Il y avait longtemps que nos concitoyens indigènes étaient Français de cœur, obéissant en cela autant à leurs idées naturelles qui les poussaient vers nous, qu’au dévouement à leur reine, dont l’attitude française ne s’est jamais démentie jusqu’à sa mort, pendant les trente-trois années qui ont suivi l’acceptation définitive, par elle, de notre protectorat.

Je ne sache pas que les Tahitiens aient, à quelque époque que ce soit, aussi bien pendant le long intervalle qui sépare notre prise de protectorat de l’arrivée de l’envoyé des missions évangéliques, que depuis cette époque, manifesté des sentiments antifrançais. Eux-mêmes seraient certainement très surpris en apprenant qu’ils doivent leur francisation au missionnaire Viénot.

Certes, le président du synode des églises tahitiennes doit être, je le suppose, étonné autant que flatté du rôle que lui prêtent ses coreligionnaires, mais il ne me démentira pas — ces lignes lui parviendront — lorsque je dis que sa part d’action dans l’acte du 29 juin 1880, qui a donné à la France Tahiti et ses dépendances, a été des plus restreintes, pour ne pas dire nulle.

Tout l’honneur en revient aux divers administrateurs