Page:Gardey - Anglophilie gouvernementale.djvu/29

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la majorité des Anglais, nos rivaux dans le domaine colonial.

Je vous remercie de cette déclaration, j’allais presque dire de cette concession, et je n’aurais plus qu’à vous adresser mes humbles excuses, d’avoir abusé de votre temps et de vous avoir infligé un ennui, si après la lecture de votre numéro du samedi 11 juillet, il ne me restait au cœur une affreuse jalousie. Vous avez sans pitié mis ma prose au panier et vous n’avez pas voulu nommer le pasteur qui vous avait fait visite, pour ne pas lui donner le droit de faire un prêche dans vos colonnes. Il faut croire que le contre-prêche vous plaît davantage, car vous avez accordé une grande colonne de texte serré à un fonctionnaire des colonies en retraite, qui rabat mon orgueil protestant, trop complaisamment enflé devant les services de M. le missionnaire Viénot.

Je me garderai bien d’entamer une discussion avec cet honorable fonctionnaire, car ma prose n’a pas droit de se produire dans votre journal, où l’attaque seule est permise mais non la défense.

Qu’il me suffise de répondre à cet amoindrissement systématique de l’influence d’un missionnaire protestant, que le gouvernement français n’a pas jugé cette influence si peu réelle et si peu digne de considération, et qu’en accordant à M. Viénot la croix de la Légion d’honneur, il motivait le décret en ces termes :

« Viénot Charles, membre du conseil colonial de Tahiti, directeur des écoles françaises indigènes, président du conseil supérieur des églises protestantes de la colonie ; 18 ans et demi de services gratuits ; services exceptionnels ; a beaucoup contribué à faire prévaloir l’influence française en Océanie. » Voilà l’appréciation du ministre de la marine et des colonies, elle vaut au moins autant à mes yeux que celle de votre correspondant ; la première me console aisément de la seconde.

Je ne sais, Monsieur, si ces lignes auront l’honneur de