Page:Gardey - Anglophilie gouvernementale.djvu/53

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autre avec l’administration ; et pourtant son arrivée dans la colonie a été le signal de l’ingérence constante, occulte le plus souvent, de la mission protestante dans la marche des écoles, dans le choix des instituteurs indigènes, etc…

La mission ne s’en tiendra pas là : elle voudra s’emparer de l’esprit des gouvernants tahitiens et ne reculera devant aucun moyen, aucune compromission, pour arriver au but qu’elle poursuit : Tahiti non pas colonie française, mais fief protestant. En cela elle sera habilement maintenue dans cette voie par son chef : loin de s’attacher par une sage réserve à servir les intérêts religieux qui lui sont confiés, ce dernier entrera résolument dans le domaine de la politique et fera naître dans ce pays, alors calme et tranquille, une agitation qui en troublera pour longtemps l’état social, car, à Tahiti, les rivalités de religion deviendront d’autant plus passionnées qu’elles tiendront à la question de nationalité. Conséquence : adeptes de la libre-pensée et croyants du catholicisme réunis dans une action commune pour la défense des idées françaises, et concourant ensemble à la réalisation du résultat auquel tendent les efforts du gouvernement protecteur : Tahiti, colonie française.

Le matériel d’enseignement manquait ; on éprouvait beaucoup de difficultés pour procurer aux écoles les quelques livres tahitiens nécessaires, les dits livres étant imprimés par les soins des missions de Londres. Vers 1875, l’administration, prise au dépourvu, fut informée que le pasteur anglais de Papeete était en possession de quelques-uns de ces livres et qu’il les céderait volontiers. Il s’agissait entre autres du Voyage du pèlerin dont j’ai parlé plus haut. À peine