Page:Garin Le Loherain.djvu/16

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çais. Les gloutons renoncent donc à l’attaque de l’abbaye et reparaissent devant Paris comme le duc Hervis faisait merveille contre leurs compagnons. Ah ! maudite soit leur retournée ! ils poussent leurs chevaux, fondent à leur tour sur nos Français et font un amas de martyrs. Plus de cent chevaliers tombèrent sous leurs coups pour ne plus se relever.

La mêlée était devenue générale, les cris de victoire multipliés de part et d’autre. Il fallait voir, entre tous, le loherain Hervis, frappant à droite, à gauche et devant lui : malheur à ceux qu’il atteignait ! Autour de lui était un abatis de poings, de bras et de têtes. Il rencontre Charboucle au moment où ce roi sarrasin venait de tuer un chevalier de Metz : affamé de vengeance, Hervis broche le cheval, brandit l’épieu, frappe Charboucle, tranche d’un coup son écu, son pelisson gris, lui plante dans la poitrine une pointe d’acier, et l’abat mort à ses pieds. Ce fut le signal d’une plus forte lutte et de croisements de glaives qui dévaient faire, hélas ! bien des veuves. Toutefois, la mort de Charboucle décida la défaite des Païens. Hervis les poursuivit à travers champs comme le loup chasse un troupeau de brebis. Parvenus à Choisy, ils y trouvèrent une de leurs batailles ; inutile secours ! nul d’eux ne devait revoir son pays ; ils n’essayèrent pas même d’arrêter les vainqueurs.

Vers la minuit, quand le sommeil descend sur les Loherains épuisés de fatigue, les Païens qui survivaient gagnent les bords de la Marne ; la moitié d’entre eux prend la route de Sens, l’autre passe la rivière et se dirige vers Soissons où séjournait une autre de leurs batailles. Mais la maie aventure les attendait au pont Gibert, par deçà Lagny : Hervis, averti de leur fuite, les avait suivis, et, les atteignant au point du jour, il en fit un grand carnage.