Page:Garin Le Loherain.djvu/17

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Plus de trois mille restèrent étendus sans vie dans la campagne ; les Loherains y conquirent autant de palefrois et de roncins, autant d’or et d'argent qu’ils voulurent. Puis le Duc ramena dans Paris ses hommes ; il y fut grandement festoyé, comme on peut le penser, par l’empereur Charles, par la Reine et par Pepinet leur fils.

III DELIVRANCE DE SENS.

Bientôt arrivèrent à Paris nouvelles des Vandres et Esclavons entrés dans la vallée de Soissons, qu’ils mettaient en flammes. Il fallut songer à leur courre sus, et déjà les chevaliers étaient armés, quand voilà de Sens un autre messager : « Riche Roi, » dit-il, « ne perdez pas un moment : les hommes de la cité de Sens implorent votre secours ; ils n’en eurent jamais si grand besoin. — Les mécréants sont-ils nombreux ? — Oui, cher Sire, environ soixante mille. Ils mettent leurs chevaux dans les églises ; ils n’épargnent prêtres, femmes ni filles, dont vous ne pourriez entendre les cris sans fondre en larmes. — Que Dieu, » dit Charles, « nous soit en aide ! — Fils de bon chevalier, » dit Hervis, « partagez votre armée en deux « batailles. Je conduirai l’une à Soissons, et vous chevaucherez avec l’autre vers Sons. Combattez hardiment, et Dieu sera pour vous. »

Les deux batailles se séparent ; Martel prend le chemin de Sens. C’était par une belle journée d’été ; les eaux douces rentraient dans leurs lits, les prairies étaient verdoyantes, et dans la ramée on entendait les oiseaux chanter. Charles