Page:Garin Le Loherain.djvu/19

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le loyal partage, ne voulut pas dormir avant d’être arrivé dans la campagne de Troyes. Hélas ! il ne sait pas qu’il court à sa perte. Puisse le Dieu qui suscita Moïse lui venir en aide !

Mais pendant que Martel, arrêté sur la rivière qui baigne les murs de Troyes, attend pour attaquer les mécréants l’arrivée de tout son baronnage, pendant que saint Loup, le prudhomme, fait des sermons au peuple pour lui donner meilleur courage, nous vous parlerons d’Hervis, le puissant duc, que nous avons laissé s'en allant de Paris Soissons.

IV - DELIVRANCE DE SOISSONS - LA CROIX DE SAINT DRAUSIN

Il avait conduit par les monts, les puits et les vallées, dix mille guerriers plus hardis que lions, tous impatients d’en venir aux épées avec les mécréants. Ils s’arrêtent à quatre lieues de Soissons, bannières dressées et gonfanons vermeils développés. Autour des chevaliers se rangent les sergents.

« Seigneurs, » dit le duc Hervis, « à demain le combat : le Seigneur-Dieu qui souffrit pour nous la mort sera pour nous, contre une race maudite qui ne donnerait pas de lui un éperon vaillant. »

La nouvelle se répand de l'approche des François ; les Païens s’en émerveillent et tremblent ; mais dans la ville on démène grande joie. Toutes les cloches sonnent, les prouvaires et les bonnes gens implorent Dieu pour la Chrétienté. Cependant Hervis a distribué ses gens en dix échelles.